Est-il nécessaire de rappeler les grandes dates de son histoire, cela peut sembler du ressassage, néanmoins Sandino est ce personnages qui a conduit à l’établissement d’une identité sandiniste grâce à son idéologie plutôt « multidisciplinaire » animée par des sentiments rencontrés, dimensions qui vont de l’ouvrier au paysan à l’intellectuel et au soldat/Général tant national qu’international, mais qui pourtant conjuguent philosophie de la libération, cosmogonie, et de la théologie. Ceci non seulement dans la théorie sinon également dans pratique faisant face à de nombreuses difficultés, démêlés, discordes et discrédits à travers les années.

Ainsi, nous explorerons brièvement les origines du sandinisme à travers le parcours de vie de Sandino et les fondements de son idéologie qui en a fait une figure emblématique pour la lutte populaire et paysanne et qui donne naissance aux deux phases du sandinisme.  La première, celle de la révolte populaires des année 70, ensuite la période de la « seconde phase de la révolution » de 2007 à nos jours. 

Rappelons brièvement les grandes dates de l’histoire de sa vie, Augusto Nicolas Calderon Sandino est née le 18 mai 1895 donc il y a 126 ans et est une des personnalités qui a le plus influé dans les mouvements populaires au Nicaragua  et en Amérique latine jusqu’à nos jours. Depuis sa petite enfance, il a été confronté à l’inégalité sociale vivant seul avec sa mère dans la pauvreté comme une grande partie de ses concitoyens. Il n’a rencontré son père propriétaire terrien, dans la rue pour la première fois qu’à l’âge de 12 ans. Il l’a interpellé : 

Monsieur, suis-je ou ne suis-je pas votre fils. Oui, tu es mon fils. Alors pourquoi vous ne me traitez pas comme vous traitez Socrates ? A cet instant son père l’a soulevé de terre et l’a embrassé sur ses deux joues. 

C’est là qu’ Augusto Nicolas Calderon Sandino,  changea son nom pour Augusto (César) « C » Sandino lorsqu’il emménagea chez son père, vraisemblablement pour cacher son illégitimité, d’est à dire sa naissance dite naturelle. 

 A l’âge de 20 ans, il quitte sa maison familiale pour vivre sa propre vie, il s’est mis à parcourir des haciendas travaillant comme aide mécanicien est faisant autres petits emplois, mais cette même année il a dû quitter son pays après avoir tiré sur un homme lors d’une dispute, événement qui a marqué sa destinée. 

En partant du Nicaragua il passa par le par le Honduras, le Guatemala pour finir au Mexique où il travailla pour une compagnie pétrolière américaine où les effets de  Révolution mexicaine se faisait encore sentir permettant à ce dernier de concevoir une nouvelle vision du monde. Une nouvelle philosophie qui donna lieu à une réflexion contextuelle sur la situation nicaraguayenne, c’est la naissance du sandinisme. 

A partir de ce moment, il s’intéressa a la façon de lutter contre la colonisation, intervention et dictatures et s’inspira de diverses expériences et idées entre autres du général nicaraguayen Benjamin Zeledón Rodriguez, née le 4 octobre a Jinotega 1879. En 1093 il a eu son diplôme de droit. Benjamin Zeledón  avait participé à la guerre qu’a affronté le Nicaragua avec le Honduras et le Salvador et où il s’était distingué dans la bataille de Namasigue. 

Par la suite, le général Benjamin Zeledón a dirigé la lutte pour la souveraineté contre les Marines des États-Unis qui avaient occupé le Nicaragua en 1912. Il meurt assassiné par l’ennemi le 4 octobre de cette même année a 33 ans à Masaya.  Son acte héroïque et ses exploits ont encouragé et insufflé a Sandino le désir d’un plus grand engagement politique.

Avec la nouvelle d’une révolte libérale au Nicaragua il y retourna en 1926, il s’est joint à un groupe d’ouvriers pour aller travailler dans les mines d’or de San Albino dans montagnes du Nord-Ouest et a commencé à travailler comme employé administratif. À partir de ce moment il a commencé à mettre en œuvre ses idées patriotiques libertaires et  c’est là qu’il organisa une rébellion alors que les États-Unis envahissaient le pays. 

Le 4 mai 1927 le Pacte « del Espino Negro a Tipitapa » est signé et il a été accordé une paix générale et immédiate, le désarment des deux parties et la création de la Garde Nationale ainsi que la supervision des élections des Marins nord-américains.
Cette année Sandino écrivait :

… « «  notre mère, Nicaragua, méprisée et humiliée à maintes reprises, sans compassion, par ses mauvais enfants qui ont permis qu’elle soit violée par les envahisseurs Yankee pour quelques pesos. »

Le 1er juillet de cette année 1927, depuis son campement de San Albino il publie son premier Manifeste politique dirigé au peuple au peuple du Nicaragua. Le lendemain, le 2 septembre Sandino avec seulement 30 hommes a commencé une guerre nationale contre les envahisseurs nord-américains et le gouvernement de José María Moncada.  À travers son manifeste il affirmait qu’il ne s’agissait pas d’une guerre civile sinon d’une lutte entre patriotes et envahisseurs. 

Il est l’un des seuls généraux qui refuse l’imposition yankee et a pour sa part décidé de continuer sa lutte afin d’expulser les marins nord-américains et a par la même occasion dû affronter des traitres et les envahisseurs dans une longue lutte de libération nationale. 

Il écrit dans son manifeste sa position à propos du mépris de la classe oligarchique au pouvoir : 

Les grands diront que je suis trop petit pour l’œuvre que j’ai entreprise ; mais mon insignifiance est surpassée par l’arrogance de mon cœur de patriote, et c’est pourquoi je jure devant la Patrie et devant l’Histoire, que mon épée défendra la bienséance nationale et qu’elle sera la rédemption pour les opprimés.

En 1928, il se rapprocha des idées d’Agustin Farabundo Marti dirigeant communiste salvadorien, un autre grand internationaliste prêt à se battre pour les peuples opprimés de la région sud-américaine. Sandino s’employa dès lors  à l’émancipation des travailleurs ainsi que des paysans à l’établissement d’une norme de vie minimum pour cette population, en somme une convention de salaire en conformité avec une vie décente sans misère . 

De 1929 à 1930 ce dernier repart au Mexique afin d’obtenir un soutien du gouvernement tels que des armes et des fonds mais sans succès. À son retour en 1930 et jusqu’en 1933, la lutte continua jusqu’au remplacement du Dr. Juan Bautista Sacasa comme nouveau Président libéral puisque celui-ci était supposé partager certains des idéaux de Sandino. 

Un accord de Paix fut signé laissant Sandino se concentrer sur la construction d’une coopérative agricole. Cet accord demandait la démobilisation et le désarmement des deux parties. Cependant, les hommes de Sandino étaient prêts à défendre le nouveau gouvernement contre la nouvelle Garde Nationale soutenue par les États-Unis et qui ont réalisé un coup d’état le 23 février 1934. 

Sandino fut trahit après un repas à la maison présidentielle , il fut enlevé puis assassiné suite à un guet-apens à l’extérieur de cette maison présidentielle par la Garde Nationale, et la même nuit 300 de ses hommes furent exécutés sous les ordres de Somoza à la tête de la Garde Nationale et de l’ambassade des États-Unis. 

Une période de répression s’ensuit, les idées de Sandino ont commencé à être reprises par des étudiants et subséquemment par le FSLN. Cependant, c’est à travers l’œuvre de Carlos Fonseca l’un des fondateurs du FSLN que le sandinisme reprend un essor, son article « Sandino, guerrillero proletario » Sandino, guerrier prolétaire écrit alors qu’il est en exil à Cuba est une prise de position politique face à une situation de crise du FSLN.    

Fonseca fait référence à Sandino en juillet 1960, il prit appuie sur des expériences de ce dernier afin de construire les principes de sa pensée. Puis dans les années 70 Fonseca se consacra à l’étude du combat et de la multidisciplinarité de l’idéologie de Sandino. Rappelons que les années de dictature de la famille Somoza au pouvoir ont durée 45 ans.

Durant la décennie des 70 la lutte sandiniste du FSLN se propage contre la dictature de Somoza et le cout humain s’est avéré très lourd jusqu’au triomphe en 1985 de leur révolution et où ils ont élu comme président Daniel Ortega. 

Le pays a été récupéré par ce nouveau gouvernement dans un tel état qu’il ne restait presque aucune infrastructure dans aucun recoin du pays, tout était à faire et à créer. 

L’idéologie de Sandino a accompagné la résurgence de ce pays, mettant l’accent sur l’éducation ce qui permet de faire tomber le taux d’analphabétisme de 50% à 13%, et le système de santé a été perfectionné avec la construction de nouveaux hôpitaux et des campagnes de vaccination, plus la mise ne place d’une réforme agraire.

Cette bataille gagnée n’a fait qu’exacerber la haine des États-Unis qui lui a imposé un blocus et commence à financer l’insurrection d’un groupe armé « les Contras », avec un revers politique de l’année 1990 où le FSNL a perdu les élections. La coalition de force oppositaire « l’Union nationale d’opposition » avec à sa tête Violeta Chamorro gagne, cette dernière s’est empressée de libéraliser l’économie et réforma les institutions politiques.

Ceci impliquant des licenciements massifs du secteur public, une réduction des moyens attribués à l’éducation ainsi que la suppression de la gratuité de la santé, plus un programme de privatisation avec la vente de mines et forêts à très bas prix avec des commissions abusives pour les intermédiaires financiers, tout cela accompagné d’une grande corruption. 

La misère refait sa réapparition, l’insécurité a de nouveau régné au Nicaragua et la pauvreté s’est accélérée, les années au pouvoir de Violeta Chamorro sont une période de déclin économique social, durant cette période a aussi ressurgit également la répression et  la chasse aux militants du FSLN.  

En conséquence, le FSLN a dû à nouveau se mettre sur le pied de la lutte toujours selon son idéologie sandiniste, il a vécu des moments difficiles durant 17 ans, mais a réussi à regagner des élections en 2006 et est de de nouveau au pouvoir dès 2007 avec toujours Daniel Ortega à sa tête. Ainsi, l’idéologie multidisciplinaire sandiniste a non seulement survécu aux crises socio-économiques et politiques, mais a également contribué à l’endurance de la résistance du peuple nicaraguayen.

Le sandinisme dans le contexte actuel 

Comme nous le constatons, l’histoire du Nicaragua est jalonnée de moments difficiles, de défis, des vicissitudes, de graves crises politiques et économiques surmontés par la volonté de   ces femmes et des ces hommes. 

Ainsi, les impacts des grandes batailles et avancées du sandinisme et sa capacité de perpétuation dans le temps, sont entre autres le résultat d’un système de programmes sociaux (comme de santé et d’éducation gratuites) qui s’inspire d’un mode social et économique de vie qui vise à sauvegarder la stabilité du pays. 

Par ailleurs, Sandino a eu l’intelligence de ne pas importer une seule vision de son expérience dans différents pays mais il s’est inspiré de diverses idéologies et il a pris ce qu’il pensait meilleur et possible pour proposer la sienne au Nicaragua mais également gardant une ouverture pour l’Amérique du Sud en général. Il déclare dans son manifeste : 

Je suis un travailleur de la ville, un artisan, comme on dit dans ce pays, mais mon idéal défend un large horizon d’internationalisme, dans le droit d’être libre et d’exiger la justice, même si cela est nécessaire pour atteindre cet état de perfection de verser son propre sang et celui d’autrui. . Que je suis un roturier, diront les oligarques, c’est-à-dire les oies du marais. Peu importe, mon plus grand honneur est d’émerger du sein des opprimés, qui sont l’âme et le nerf de la race.

Aujourd’hui le Nicaragua sandiniste fait face à de nouveau à des attaques des États-Unis, mais on retrouve toujours en vigueur le sandinisme qui se consolide et expérimente une forme de lutte qui s’adapte à l’actualité. C’est un petit pays qui malgré sa pauvreté arrive à son auto-suffisance alimentaire, qui offre une éducation gratuite et une santé publique accessible à tous et qui se redéfini dans le respect de l’individuel en travaillant le communautaire. Il avance dans un processus collectif fondé sur le respect de la diversité.   

Dans un contexte de crise sanitaire et économique internationale de réduction de commerce et de fermeture des frontières, et où l’une des solutions est la vaccination, mais où sa production et distribution est accaparée surtout par les 10 pays les plus développés. 

Le Nicaragua s’est vu affecté comme le reste du monde, en dehors du fait qu’il rencontre des difficultés occasionnées par la tentative ratée d’un coup d’état d’avril 2018 qui a occasionné beaucoup de pertes d’emplois,  des rues et routes détruites ainsi que des équipements de construction et des bâtiments publiques en incluant des écoles, centres de santé et la perte d’argent et de dommages dans le secteur touristique. Puis, plus déplorable et irréparable la mort de citoyens. 

Sans oublier les ouragans l’année 2020 dans la partie Nord Caraïbe qui ont laissé des pertes d’environ 742,6 millions de dollars ni le harcèlement incessant des États-Unis avec ses sanctions économiques et politiques. Nonobstant, au Nicaragua on continue à construire des hôpitaux et on espère pour 2021 un accroissement économique de 2,5%, et la priorité est accordé au cout social de 57,1%, incluant les salaires pour les travailleurs de la santé et le secteur de l’éducation. Cette année est prévu également la construction (de 24 mil) logements sociaux. 

Tel est  le sandinisme de Sandino, « le général des homme libres » comme l’a dénommé Henri Barbusse dans un message discours le 21 février 1928. Barbusse grand combattant pour la paix qui a présidé le Congrès Antiimpérialiste réuni a Frankfort en Allemagne fin juillet 1928 et où 84 délégués de pays opprimés étaient présents. Là ce dernier a déclaré : 

« notre grand Général dans les Ségovies, contre l’envahisseur impérialiste et pour la dignité du continent et le monde : Général je vous envoie mon hommage et celui du prolétariat et des intellectuels révolutionnaires de France et d’Europe » …  

Et plus loin « notre attention se fixe avec enthousiasme dans l’héroïque figure de Sandino et ses admirables troupes. Nous saluons en vous le soldat magnifique d’une cause qui surpassant des questions de races et nationalités pour la cause des opprimés des exploités, des peuples contre les magnats. »   

Ensuite Barbusse exprime «  A l’avant-garde de la lutte et du continent qui se dispute, vous Sandino Général des Hommes Libres jouez un rôle historique ineffaçable, pour votre exemple lumineux et vos splendides sacrifices. Nous sommes de tout cœur avec vous. »

Ainsi, nous pouvons remercier  Sandino qui a offert un programme idéologique à son peuple de lutte contre l’oppression, le défenseur de la souveraineté nationale et internationale, de l’émancipation sociale, celui au service des intérêts du peuple et au bénéfice des plus vulnérables. 

À présent, nous sommes donc de tout cœur avec le sandinisme qui a mis fin à la dictature des Somozas des années 20 et aux années 90-2006 de Violeta Chamorro de corruption, saccage et appauvrissement. Ce sandinisme plus en vigueur que jamais qui lutte pour sortir le Nicaragua du gouffre de la pandémie sanitaire qui a atteint l’économie mondiale ainsi que les sanctions et menace des États-Unis, et qui met en place des mesures immédiates et inédites en faveur du bien-être de sa population. 

Gilda Mutarello, Paris, 18 mai 2021.

CES-RPS Paris, France.

 

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